Suites à valeurs complexes

On étend aux suites à valeurs dans $ \mathbb{C}$ toutes les propriétés des suites de réels, sauf celles qui font référence à l'ordre. On ne parle pas de suite complexe croissante, décroissante, majorée ou minorée, car contrairement à $ \mathbb{R}$, $ \mathbb{C}$ n'est pas naturellement muni d'une relation d'ordre. Pour les propriétés où la distance $ \vert x-y\vert$ intervient, la valeur absolue est remplacée par le module, qui se note de la même façon. Par exemple une suite $ (z_n)$ est bornée si pour tout $ n$, $ \vert z_n\vert\leqslant M$. Elle converge vers $ l\in\mathbb{C}$ si

$\displaystyle \forall \varepsilon >0 ,\;\exists n_0 ,\;\forall n\geqslant n_0\;,\quad
\vert z_n-l\vert\leqslant \varepsilon \;,
$

qu'il faut comprendre comme «tous les termes de la suite restent dans un disque de rayon $ \varepsilon $ autour de la limite à partir d'un certain rang» (voir la figure 3 pour une illustration).
Figure 3: Convergence dans $ \mathbb{C}$ de la suite $ (\mathrm {e}^{\mathrm {i}\pi /4}+ \mathrm {e}^{\mathrm {i}n/4}/n)$.
\includegraphics[width=7cm,height=7cm]{cvC}
Le théorème suivant montre que la convergence d'une suite de complexes équivaut à la convergence de sa partie réelle et de sa partie imaginaire.

Théorème 9   Soit $ (z_n)$ une suite de complexes. La suite $ (z_n)$ converge vers $ l$ dans $ \mathbb{C}$ si et seulement si les suites $ ($Re$ (z_n))$ et $ ($Im$ (z_n))$ convergent respectivement vers Re$ (l)$ et Im$ (l)$.

Démonstration : Elle est essentiellement basée sur l'encadrement suivant entre le module d'un nombre complexe et les valeurs absolues des parties réelle et imaginaire. Soit $ z=a+\mathrm{i}b$ un complexe, alors

$\displaystyle \max\{\vert a\vert,\vert b\vert\}\leqslant \vert z\vert\leqslant \vert a\vert+\vert b\vert$ (1)

On note $ a_n$ et $ b_n$ la partie réelle et la partie imaginaire de $ z_n$. Si $ \vert z_n-l\vert$ reste inférieur à $ \varepsilon $, alors il en est de même pour $ \vert a_n-$Re$ (l)\vert$ et $ \vert b_n-$Im$ (l)\vert$, par la première inégalité de (1). Réciproquement, si $ \vert a_n-$Re$ (l)\vert$ et $ \vert b_n-$Im$ (l)\vert$ sont inférieurs à $ \varepsilon /2$, alors $ \vert z_n-l\vert$ est inférieur à $ \varepsilon $, par la seconde inégalité de (1).$ \square$

Posons par exemple

$\displaystyle z_n = \mathrm{e}^{\mathrm{i}\pi/4}+\frac{\mathrm{e}^{\mathrm{i}n/4}}{n}\;.
$

Les parties réelle et imaginaire sont :

$\displaystyle a_n = \frac{\sqrt{2}}{2}+\frac{\cos(n/4)}{n}$   et$\displaystyle \quad
b_n = \frac{\sqrt{2}}{2}+\frac{\sin(n/4)}{n}
$

Les deux suites convergent vers $ \sqrt{2}/{2}$, et $ (z_n)$ converge vers $ \mathrm{e}^{\mathrm{i}\pi/4}$. La figure 3 représente dans le plan complexe les $ 100$ premiers termes de la suite $ (z_n)$, ainsi que le cercle de rayon $ \varepsilon =0.05$ centré en $ l=\mathrm{e}^{\mathrm{i}\pi/4}$.

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