Quantificateurs

Les quantificateurs sont les deux symboles $ \forall$ «quel que soit»  et $ \exists$ «il existe». On les utilise pour des énoncés du type :

$\displaystyle \forall n\in \mathbb{N} ,\;\exists m\in \mathbb{N}\;;\quad n<m\;.$ (22)

Cette formule se lit : quel que soit $ n$ appartenant à $ \mathbb{N}$, il existe $ m$ appartenant à $ \mathbb{N}$ tel que $ n<m$. Soit encore : pour tout entier $ n$, il existe un entier $ m$ strictement plus grand que $ n$. Il est crucial de retenir que dans ce cas l'entier $ m$ peut dépendre de l'entier $ n$. Cette assertion est vraie : pour tout $ n$, le nombre $ m=n+1$ vérifie bien $ n<m$.

L'ordre dans lequel on écrit les quantificateurs est très important. Echangeons dans (22) les deux quantificateurs.

$\displaystyle \exists m\in \mathbb{N}\;;\quad\forall n\in \mathbb{N}\;,\quad n<m\;.
$

Cette assertion se lit : il existe un entier $ m$ tel que tout entier $ n$ vérifie $ n<m$ (ce qui est faux).

Pour écrire la négation d'une assertion comportant des quantificateurs on change les $ \forall$ en $ \exists$ et les $ \exists$ en $ \forall$, puis on écrit la négation de l'assertion qui suit la liste des quantificateurs. Ceci est tout à fait conforme à l'intuition. La négation de «tout les $ x$ vérifient $ A$»  est bien «il existe un $ x$ qui ne vérifie pas $ A$». La négation de «il existe un $ x$ qui vérifie $ A$»  est bien «aucun $ x$ ne vérifie $ A$»  soit encore «tous les $ x$ vérifient $ \neg A$». Ecrivons par exemple la négation de l'assertion (22).

$\displaystyle \exists n\in\mathbb{N} \;;\quad \forall m\in \mathbb{N} ,\;
(n\geqslant m)\;.
$

Il existe un entier $ n$ supérieur ou égal à tout entier $ m$ (ce qui est faux).

Attention, les quantificateurs ne sont pas toujours distributifs par rapport à «et»  et «ou». Par exemple, «il existe un entier supérieur à 7 et inférieur à 6»  (faux) n'est pas équivalent à «il existe un entier supérieur à 7 et il existe un entier inférieur à 6»  (vrai). De même «tout entier est inférieur ou égal à 6, ou bien supérieur ou égal à 7»  (vrai) n'est pas équivalent à «tout entier est inférieur ou égal à 6 ou tout entier est supérieur ou égal à 7»  (faux).

Nous commettrons souvent l'abus de notation consistant à regrouper des quantificateurs de même nature. Par exemple :

$\displaystyle \forall n\in \mathbb{N} ,\;\forall m\in \mathbb{N}\;,\quad m+n\in\mathbb{N}\;,
$

que l'on pourrait aussi écrire

$\displaystyle \forall (n,m)\in \mathbb{N}^2\;,\quad m+n\in\mathbb{N}\;,
$

sera plutôt écrit :

$\displaystyle \forall n,m \in \mathbb{N}\;,\quad m+n\in\mathbb{N}\;.
$

(La somme de deux entiers naturels est un entier naturel.) Ou encore,

$\displaystyle \exists n\in \mathbb{N} ,\;\exists m\in \mathbb{N} \;;\quad n+m<10\;,
$

deviendra :

$\displaystyle \exists n,m\in \mathbb{N} \;;\quad n+m<10\;.
$

(Il existe deux entiers dont la somme est inférieure à 10.) Constatez en la lisant à haute voix que la formule suivante définit bien la divisibilité.

$\displaystyle \forall m,n\in\mathbb{N} ,\;(m \vert n)\;\Longleftrightarrow\;
\Big( \exists k\in\mathbb{N} \;;\quad n=km \Big)\;.
$


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