Corrigé du devoir



Questions de cours :  

  1. Si $ (v_1,\ldots,v_n)$ est génératrice, alors tout vecteur $ w$ de $ E$ est combinaison linéaire des $ v_i$ :

    $\displaystyle \forall w\in E ,\;\exists \lambda_1,\ldots,\lambda_n\in\mathbb{R}\;,\quad
w=\lambda_1v_1+\cdots+\lambda_nv_n\;.
$

    Soit $ v$ un vecteur donné de $ E$. Le vecteur $ w$ s'écrit :

    $\displaystyle w=\lambda_1v_1+\cdots+\lambda_nv_n+0 v\;.
$

    La famille $ (v_1,\ldots,v_n,v)$ est donc génératrice.
  2. Soient $ \lambda_1,\ldots,\lambda_{n-1}$ des réels tels que :

    $\displaystyle \lambda_1v_1+\cdots+\lambda_{n-1}v_{n-1}=0\;.
$

    Alors :

    $\displaystyle \lambda_1v_1+\cdots+\lambda_{n-1}v_{n-1}+0v_n=0\;.
$

    Si la famille $ (v_1,\ldots,v_n)$ est libre, cela implique :

    $\displaystyle \lambda_1=\ldots=\lambda_{n-1}=0\;.
$

    Donc la famille $ (v_1,\ldots,v_{n-1})$ est aussi libre.
  3. Soit $ w$ un vecteur quelconque de $ F$. Puisque $ f$ est surjective, il existe $ v\in E$ tel que $ w=f(v)$. Si la famille $ (v_1,\ldots,v_n)$ est génératrice, il existe $ n$ réels $ \lambda_1,\ldots,\lambda_n$ tels que :

    $\displaystyle v=\lambda_1 v_1+\cdots+\lambda_n v_n\;.
$

    Comme $ f$ est linéaire, on peut écrire :

    $\displaystyle w=f(v)=\lambda_1f(v_1)+\cdots+\lambda_nf(v_n)\;.
$

    Donc $ (f(v_1),\ldots,f(v_n))$ est génératrice dans $ F$.
  4. Soient $ \lambda_1,\ldots,\lambda_n$ des réels tels que :

    $\displaystyle \lambda_1f(v_1)+\cdots+\lambda_nf(v_n)=0\;.
$

    Puisque $ f$ est linéaire :

    $\displaystyle f(\lambda_1v_1+\cdots+\lambda_nv_n)=0\;.
$

    Si $ f$ est injective, le seul vecteur d'image nulle est le vecteur nul. Donc :

    $\displaystyle \lambda_1v_1+\cdots+\lambda_n v_n=0\;.
$

    Puisque la famille $ (v_1,\ldots,v_n)$ est libre, ceci entraîne :

    $\displaystyle \lambda_1=\cdots=\lambda_n=0\;.
$

    Donc la famille $ (f(v_1),\ldots,f(v_n))$ est libre.
  5. Si $ f$ est bijective, elle est à la fois injective et surjective. Si $ (v_1,\ldots,v_n)$ est une base de $ E$, elle est à la fois génératrice et libre. Donc $ (f(v_1,\ldots,f(v_n))$ est génératrice et libre, par application des deux questions précédentes : c'est une base de $ F$.

    Montrons maintenant la réciproque. Si $ f$ est bijective, l'application réciproque $ f^{-1}$ est elle aussi linéaire et bijective. Si $ (f(v_1),\ldots,f(v_n))$ est une base de $ F$, alors $ (f^{-1}(f(v_1)),\ldots,f^{-1}(f(v_n)))=(v_1,\ldots,v_n)$ est une base de $ E$, en appliquant ce qui précède à $ f^{-1}$.


Exercice :  
  1. Dans $ \mathbb{R}^3$ une famille de trois vecteurs est une base si et seulement si c'est une famille libre. Soient $ \alpha,\beta,\gamma$ trois réels. Supposons $ \alpha v_1+\beta v_2+\gamma v_3=0$. Dans la base $ (e_1,e_2,e_3)$, ce vecteur s'écrit :

    $\displaystyle \big( \alpha +a\beta+a\gamma , 
b\gamma  , a\alpha +a\beta+\gamma  \big)=(0,0,0)\;.
$

    Donc $ \alpha,\beta,\gamma$ sont solution du système linéaire :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
\alpha &+a\beta&+a\gamma &=&0\\
&&b\gamma &=&0\\
a\alpha &+a\beta&+\gamma &=&0\;.
\end{array}\right.
$

    La famille $ (v_1,v_2,v_3)$ est une base de $ \mathbb{R}^3$ si et seulement si ce système a pour solution unique $ (0,0,0)$. Échangeons les équations 2 et 3, puis soustrayons la première équation multipliée par $ a$ de la seconde. Le système est équivalent à :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
\alpha &+a\beta&+a\gamma &=&0\\
&a(a-1)\beta&+(1-a^2)\gamma &=&0\\
&&b\gamma &=&0\;.
\end{array}\right.
$

    Ce système a pour solution unique $ (0,0,0)$ si et seulement si il est de rang 3. C'est le cas si les 3 pivots sont non nuls : $ a(a-1)\neq 0$ et $ b\neq 0$, soit $ ab(a-1)\neq 0$. Réciproquement, si $ b=0$ la troisième équation s'annule, si $ a=1$ la seconde équation s'annule, et si $ a=0$, les équations 2 et 3 sont proportionnelles : dans les 3 cas, le système est de rang au plus 2.
  2. La matrice de $ f$ dans la base canonique est :

    $\displaystyle \left(\begin{array}{ccc}
1&a&a\\
0&0&b\\
a&a&1
\end{array}\right)\;.
$

  3. Soient $ \alpha$ et $ \beta$ deux réels tels que $ \alpha v_1+\beta
v_3=0$. Pour $ a=0$, ce vecteur s'écrit $ (\alpha, b\beta, \beta)$. Il est nul si et seulement si $ \alpha=\beta=0$ Donc $ (v_1,v_3)$ est une famille libre.
  4. Pour $ a=0$, $ f(e_2)=v_2=0$. Donc tout vecteur multiple de $ e_2$ appartient au noyau de $ f$. La droite vectorielle engendrée par $ e_2$ est donc incluse dans le noyau de $ f$. Pour montrer qu'elle est égale, il suffit de montrer que le noyau de $ f$ est de dimension $ 1$. Pour cela, considérons les vecteurs $ v_1$ et $ v_3$. Par définition, ce sont deux vecteurs de l'image de $ f$. Or ils forment une famille libre d'après la question précédente. L'image de $ f$ contient deux vecteurs linéairement indépendants, donc elle est de dimension au moins 2. Par le théorème du rang, la dimension du noyau est au plus $ 3-2=1$. Comme le noyau contient la droite engendrée par $ e_2$, il est de dimension $ 1$.
  5. Puisque le noyau est de dimension $ 1$, l'image est de dimension $ 2$, par le théorème du rang. Les vecteurs $ v_1$ et $ v_3$ forment une famille libre, donc $ (v_1,v_3)$ est une base de $ \mathrm{Im}(f)$.
  6. Puisque $ f$ est linéaire, il suffit de vérifier la relation demandée sur les éléments d'une base, par exemple la base canonique. Pour $ e_1$ et $ e_2$, c'est évident puisque $ f(e_1)=e_1$ et $ f(e_2)=0$. Pour $ e_3$ :

    $\displaystyle f(f(e_3))=f(be_2+e_3)=bf(e_2)+f(e_3)=f(e_3)\;.
$

  7. Il suffit de montrer que c'est une famille libre. Soient $ \alpha,\beta,\gamma$ trois réels tels que $ \alpha e_2+\beta v_1
+\gamma v_3=0$. Dans la base canonique de $ \mathbb{R}^3$, les coordonnées de ce vecteur sont $ (\beta,\alpha+b\gamma,\gamma)$. Les trois coordonnées sont nulles si et seulement si $ \alpha=\beta=\gamma=0$. Donc la famille $ (e_2,v_1,v_3)$ est une base de $ \mathbb{R}^3$. On sait que : $ f(e_2)=0$, $ f(v_1)=f\circ f(e_1)=f(e_1)=v_1$ et $ f(v_3)=f\circ f(e_3)=f(e_3)=v_3$. La matrice de $ f$ dans la base $ (e_2,v_1,v_3)$ est donc la suivante.

    $\displaystyle \left(\begin{array}{ccc}
0&0&0\\
0&1&0\\
0&0&1
\end{array}\right)\;.
$

  8. Soit $ v$ un vecteur de $ \mathrm{Ker}(f)$ : ses coordonnées $ (x,y,z)$ sont solution du système :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
x&+ay&+az&=&0\\
ax&+ay&+z&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    Ce système équivaut au suivant.

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
x&+ay&+az&=&0\\
&(a-a^2)y&+(1-a^2)z&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    Pour $ a=0$, l'ensemble des solutions est la droite vectorielle engendrée par $ e_2$ (question 4). Pour $ a$ différent de 0 et $ 1$, le système se résout en fonction de $ z$ :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
x&&&=&z\\
&y&&=&-\frac{1+a}{a}z\;.
\end{array}\right.
$

    L'ensemble de solutions est le suivant.

    $\displaystyle \left\{ \left(z,-\frac{1+a}{a}z,z\right)
 ,\;z\in\mathbb{R} \right\}\;.
$

    Le vecteur $ \left(1,-\frac{1+a}{a},1\right)$ est donc une base de $ \mathrm{Ker}(f)$.
  9. Pour $ a\neq 1$ et $ b=0$, nous avons vu que $ \mathrm{Ker}(f)$ est une droite vectorielle. D'après le théorème du rang, $ \mathrm{Im}(f)$ est de dimension 2 : c'est un plan vectoriel. Par définition de $ f$, $ v_1$ et $ v_3$ appartiennent à $ \mathrm{Im}(f)$. Pour montrer que ces deux vecteurs forment une base de $ \mathrm{Im}(f)$, il suffit de vérifier que $ (v_1,v_3)$ est une famille libre. Soient $ \alpha$ et $ \beta$ deux réels tels que $ \alpha v_1+\beta
v_3=0$. Les coordonnées de ce vecteur sont : $ (\alpha+a\beta,0,a\alpha+\beta)$. Elles s'annulent si et seulement si :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrcl}
\alpha&+a\beta&=&0\\
a\alpha&+\beta&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    Sous forme échelonnée :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrcl}
\alpha&+a\beta&=&0\\
&(1-a^2)\beta&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    Pour $ a^2\neq 1$, ce système est de rang 2 : il a pour seule solution $ \alpha=\beta=0$. D'où le résultat.
  10. Pour $ a=1$ et $ b=0$, $ v_1=v_2=v_3=(1,0,1)$. Donc pour tout vecteur $ v=xe_1+ye_2+ze_3$ de $ \mathbb{R}^3$, $ f(v)=(x+y+z)v_1$. Donc $ \mathrm{Im}(f)$ est la droite vectorielle engendrée par le vecteur $ v_1=(1,0,1)$. La même expression montre que $ \mathrm{Ker}(f)$ est le plan vectoriel d'équation $ x+y+z=0$, à savoir :

    $\displaystyle \Big\{  (-y-z,y,z) ,\;y,z\in\mathbb{R} \Big\}\;.
$

    Une base de $ \mathrm{Ker}(f)$ est donc :

    $\displaystyle \big( (-1,1,0),(-1,0,1) \big)\;.
$

  11. Notons $ w_2=(-1,1,0)$ et $ w_3=(-1,0,1)$. Pour montrer que $ (v_1,w_2,w_3)$ est une base de $ \mathbb{R}^2$, il suffit de montrer que c'est une famille libre. Soient $ \alpha,\beta,\gamma$ trois réels tels que $ \alpha v_1+\beta w_2+\gamma w_3=0$. Ces trois réels sont solution du système :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
\alpha&-\beta&-\gamma&=&0\\
&\beta&&=&0\\
\alpha&&+\gamma&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    On vérifie immédiatement que ce système est de rang 3 : il a pour seule solution $ \alpha=\beta=\gamma=0$. La matrice de $ f$ dans la base $ (v_1,w_2,w_3)$ est la suivante.

    $\displaystyle \left(\begin{array}{ccc}
2&0&0\\
0&0&0\\
0&0&0
\end{array}\right)\;.
$

  12. Pour montrer que l'application $ f$ est bijective, il suffit de vérifier que l'image par $ f$ de la base canonique est une base, c'est-à-dire que les trois vecteurs $ (v_1,v_2,v_3)$ forment une base de $ \mathbb{R}^3$. Pour cela, il suffit de montrer que c'est une famille libre. Soient $ \alpha,\beta,\gamma$ trois réels tels que $ \alpha v_1+\beta v_2+\gamma v_3=0$ : ils sont solution du système :

    $\displaystyle \left\{\begin{array}{rrrcl}
\alpha&-\beta&-\gamma&=&0\\
&&\gamma&=&0\\
-\alpha&-\beta&+\gamma&=&0\;.
\end{array}\right.
$

    On vérifie immédiatement que ce système est de rang 3 : il a pour seule solution $ \alpha=\beta=\gamma=0$.
  13. La matrice de $ g$ dans la base $ (e_1,e_2,e_3)$ est la suivante.

    $\displaystyle \left(\begin{array}{rrr}
1&2&-1\\
-1&0&-1\\
0&2&0
\end{array}\right)\;.
$

  14. Pour écrire la matrice de l'application $ g\circ f$, on peut soit calculer les coordonnées des trois vecteurs $ g(v_1)$, $ g(v_2)$, $ g(v_3)$, ce qui revient à effectuer le produit de la matrice de $ g$ par chacune des colonnes de la matrice de $ f$.

    \begin{displaymath}
\begin{array}{cc}
&
\left(\begin{array}{rrr}
1&-1&-1\\
0&0&...
...space*{3.5mm}0\\
0&2&0\\
0&0&2
\end{array}\right)
\end{array}\end{displaymath}

    On constate que $ g\circ f$ est le double de l'application identique. La matrice de l'application réciproque $ f^{-1}$ dans la base $ (e_1,e_2,e_3)$ est donc le produit par $ 1/2$ de la matrice de $ g$.

    $\displaystyle \left(\begin{array}{ccc}
1/2&1&-1/2\\
-1/2&0&-1/2\\
0&1&0
\end{array}\right)\;.
$

  15. Nous devons calculer $ f(v_1)$, $ f(v_2)$ et $ f(v_3)$ en fonction de $ v_1$, $ v_2$ et $ v_3$. Or pour $ i=1,2,3$, $ f(v_i)=f(f(e_i))=f(f(f^{-1}(v_i)))$. Notons $ A$ la matrice de $ f$ et $ A^{-1}$ celle de $ f^{-1}$ (calculée à la question précédente). Ce qui précède montre que la matrice de $ f$ dans la base $ (v_1,v_2,v_3)$ est le produit matriciel (colonnes par colonne) de $ A$ par le produit de $ A$ par $ A^{-1}$. Or $ A(A A^{-1})=A$. Donc la matrice de $ f$ dans la base $ (v_1,v_2,v_3)$ est la même que dans la base $ (e_1,e_2,e_3)$.


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