Dérivées d'ordre supérieur

Soit $ f :\;(x,y,z)\mapsto f(x,y,z)$ une application d'un domaine $ D$ de $ \mathbb{R}^3$ dans $ \mathbb{R}$, continûment différentiable sur $ D$. Les trois dérivées partielles $ \frac{\partial f}{\partial x}$, $ \frac{\partial f}{\partial y}$ et $ \frac{\partial f}{\partial z}$ sont encore des applications de $ D$ dans $ \mathbb{R}$. Si elles-mêmes sont continûment différentiables, on dit que $ f$ est «deux fois continûment différentiable». Leurs dérivées partielles, au nombre de $ 9$, sont les dérivées partielles secondes de $ f$. Nous admettrons que le résultat ne dépend pas de l'ordre dans lequel on effectue les dérivations ; c'est le théorème de Schwarz.

Théorème 4   Soit $ f$ une application deux fois continûment différentiable sur un domaine ouvert de $ \mathbb{R}^n$, à valeurs dans $ \mathbb{R}$. Pour tout $ i,j=1,\ldots, n$, on a :

$\displaystyle \frac{\partial }{\partial x_i}\left(\frac{\partial f}{\partial
x...
...\frac{\partial }{\partial x_j}\left(\frac{\partial f}{\partial
x_i}\right)\;.
$

La notation pour la dérivée partielle seconde par rapport à $ x_i$ et $ x_j$ est $ \displaystyle{\frac{\partial^2 f}{\partial x_i\partial
x_j}}$. Leur matrice est la matrice hessienne de $ f$, qui est symétrique d'après le théorème de Schwarz. Ainsi, pour une application de $ \mathbb{R}^3$ dans $ \mathbb{R}$, la matrice hessienne a $ 3$ lignes et $ 3$ colonnes.

\begin{displaymath}
H(f)=
\left(
\begin{array}{ccc}
\displaystyle{\frac{\partial...
...laystyle{\frac{\partial^2 f}{\partial z^2}}
\end{array}\right)
\end{displaymath}

Reprenons l'exemple de la surface d'un parallélépipède en fonction de ses trois dimensions.

\begin{displaymath}
\begin{array}{rcl}
\mathbb{R}^3&\longrightarrow &\mathbb{R}\...
...
\begin{array}{ccc}
2(y+z)&2(x+z)&2(x+y)
\end{array}\right)\;.
\end{displaymath}

La matrice hessienne s'obtient en dérivant chacune des dérivées partielles d'ordre $ 1$, par rapport aux trois variables.

\begin{displaymath}
H=\left(
\begin{array}{ccc}
0&2&2 [2ex]
2&0&2 [2ex]
2&2&0
\end{array}\right)\;.
\end{displaymath}

Si les dérivées partielles secondes sont elles-mêmes différentiables, on peut définir les dérivées partielles troisièmes, et en itérant le procédé, des dérivées partielles de tous ordres. Les équations aux dérivées partielles, qui sont aux fonctions à plusieurs variables ce que les équations différentielles sont aux fonctions d'une variable, sont omniprésentes en physique. Elles relient en général entre elles les dérivées partielles d'ordre $ 1$ et $ 2$, et font intervenir des combinaisons de dérivées partielles comme le gradient, la divergence, le rotationnel, ou le laplacien.

Définition 7    
  1. Soit $ f :\;(x,y,z)\mapsto f(x,y,z)$ une application deux fois continûment différentiable de $ \mathbb{R}^3$ dans $ \mathbb{R}$. On appelle :
    1. Gradient de $ f$ le vecteur, noté $ \nabla f$ :

      \begin{displaymath}
\nabla f =\left(
\begin{array}{l}
\frac{\partial f}{\partial...
...tial y}\\
\frac{\partial f}{\partial z}
\end{array}\right)\;.
\end{displaymath}

    2. Laplacien de $ f$ le réel, noté $ \Delta f$ :

      $\displaystyle \Delta f =
\frac{\partial^2 f}{\partial x^2}
+\frac{\partial^2 f}{\partial y^2}
+\frac{\partial^2 f}{\partial z^2}
\;.$

  2. Soit $ F :\;(x,y,z)\mapsto (f(x,y,z),g(x,y,z),h(x,y,z))$ une application deux fois continûment différentiable de $ \mathbb{R}^3$ dans $ \mathbb{R}^3$. On appelle :
    1. Rotationnel de $ F$ le vecteur, noté $ \mathrm{rot}(F)$ :

      \begin{displaymath}
\mathrm{rot}(F) =\left(
\begin{array}{l}
\frac{\partial h}{\...
...partial x}-\frac{\partial f}{\partial y}
\end{array}\right)
\;.\end{displaymath}

    2. Divergence de $ F$ le réel, noté $ \mathrm{div}(F)$ :

      $\displaystyle \mathrm{div}(F) =
\frac{\partial f}{\partial x}
+\frac{\partial g}{\partial y}
+\frac{\partial h}{\partial z}
\;.$

Le lecteur vérifiera les relations classiques suivantes, à partir des définitions précédentes et du théorème de Schwarz 4.

   div $ (\nabla f)$$\displaystyle = \Delta f
\quad,$   div$ ($rot$ (F))$$\displaystyle = 0
\quad,$   rot $ (\nabla f)$$\displaystyle = 0\;.
$

À titre d'exemple, voici la plus célèbre des équations aux dérivées partielles, l'équation de la chaleur. Considérons un corps homogène dans l'espace, et notons $ f(t,x,y,z)$ la température au temps $ t$ du point de coordonnées $ (x,y,z)$. Des considérations physiques amènent à montrer que l'application $ f$ doit être solution de l'équation aux dérivées partielles suivante :

$\displaystyle \frac{\partial f}{\partial t}
=
\frac{\lambda}{\rho C_p}\left(\f...
...{\partial z^2}\right)
=
\frac{\lambda}{\rho C_p}\left(\Delta_{xyz}f\right)\;,
$

$ \lambda$ est la conductivité thermique, $ \rho$ la masse volumique et $ C_p$ la chaleur spécifique. L'application suivante porte le nom de «noyau de la chaleur»  car elle est solution de l'équation de la chaleur, ce que nous allons vérifier.

$\displaystyle f(t,x,y,z) = \frac{1}{t\sqrt{t}}\exp\left(-\frac{c}{t}(x^2+y^2+z^2)\right)\;,
$

$ c$ est une constante.

\begin{displaymath}
\begin{array}{rcl}
\displaystyle{\frac{\partial f}{\partial ...
...\right)
\exp\left(-\frac{c}{t}(x^2+y^2+z^2)\right)}
\end{array}\end{displaymath}

Les dérivées partielles par rapport à $ y$ et $ z$ s'obtiennent en permutant les $ 3$ variables, qui jouent des rôles symétriques. On obtient :

$\displaystyle \Delta_{xyz}f = \frac{\partial^2 f}{\partial x^2}
+\frac{\partial...
... y^2}
+\frac{\partial^2 f}{\partial z^2}
= 4c \frac{\partial f}{\partial t}\;.
$

Pour $ c=\frac{\rho C_p}{4\lambda}$, $ f$ est donc une solution particulière de l'équation de la chaleur.

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